Le rendez-vous hebdomadaire du Cesti a encore enregistré la présence de grandes figures. Cette fois-ci, du sport. Aliou Cissé (sélectionneur du Sénégal), Oumar Dioum (spécialiste de la question) et El Malick Sy Souris ont gratifié de leur présence la tribune de la salle foyer.
Les discussions commenceront par des souvenirs des années grasses du football sénégalais. Normal quand on note la présence de ces cadors et d'autres anciennes gloires tapies dans le public. Oumar Dioum ouvre le bal par les valses de Yatma Diop, Sy Souris, El Hadj Sarr, etc. qui, selon lui, ont tout à apprendre aux autres Messi et Ibrahimovic. Les balles cisaillées de ce dernier, il les voyait exécutées dans les années 60 avec ces crooners du foot. S'agissant même d'intelligence et de créativité, il s'en ira conférer la paternité du une-deux et du système de jeu 4-4-3 aux virtuoses sénégalais, notamment durant les jeux de l'Amitié de 1963. Ce tournoi remporté par le Sénégal et ayant regroupé les meilleures équipes africaines et l'équipe française dont le onze était composé de 10 pros dont Aimé Jacquet. D'après M. Dioum, le modèle de ces réussites et de la discipline sportives sont à revisiter. Pour lui, le retour a l'initiation du sport depuis l'école élémentaire est impératif pour le retour de ces années Lumières.
Plus loin, il soulève des interrogations en apportant concomitamment des réponses : pourquoi le Sénégal ne gagne-t-il pas ? Pourquoi les joueurs sénégalais travaillent-ils pour leur employeur (en clubs et jouent quand ils viennent en sélection ? Pourquoi ressemble-t-on plus à une troisième équipe de France ? Dioum donne des réponses illustratives en évoquant le cas des sélections de football de Cap-Vert, de Grèce et de l'Argentine qui ont retourné leurs primes parce que leur pays se trouvaient dans une situation économique inconfortable. Il cite encore Diao Balde Keita qui affirme avoir quitté le banc du Lazio après avoir joué pour le Sénégal. Il veut ainsi faire l'accent sur, outre le patriotisme, l'intérêt que peuvent tirer les joueurs en défendant les couleurs de leurs nations. Il propose également le système d'imposition pour les joueurs. Pour lui, ces derniers doivent participer à l'économie de nos pays en payant les impôts. Et pour le renflouement de notre football, il appelle à la renaissance des tournois inter-scolaires (Uassu) ou inter-centres (écoles de foot) et à asseoir les bases de l'équipe A sur l'équipe olympique. Il a pour finir inciter les journalistes à aller à la quête des bonnes informations et à dégoter les archives qui constituent les preuves et les belles pages du sport sénégalais.
Pour Aliou Cissé, s'agissant de la professionnalisation du football sénégalais, il pense que ce sont les présidents de club qui doivent aller chercher de l'argent et mettre en place de bonnes politiques. Il prend pour évidence le fait que les meilleurs éléments du foot sénégalais se trouvent aujourd'hui en Europe. A ce stade, il reste impossible de créer une équipe autour du championnat local. Sur les positionnements en sélection nationale, il pose le problème d'un souci conjoncturel. Prenant l'exemple du poste de latéral, il parle d'une certaine carence du fait que la plupart des joueurs sénégalais ont été formés aux postes de milieux ou d'attaquants et que même en 2002, des joueurs comme Fadiga ont été repositionnés pour plus d'efficacité. Il appelle également au patriotisme et à l'amour du maillot de tout chacun pour faire voir le soleil au sport sénégalais. Il illustre avec l'exemple de certaines équipes africaines qui ont gagné des titres ces dernières années avec toute la mobilisation constatée.
Malick Sy Souris lui met le doigt sur le "professionnalisme" du foot sénégalais. Pour lui, carence est à noter dans quasiment tous ses domaines. Le format et la politique sont fortement à désirer et, pour exemple, il assimile à une injure la présence du DUC (Dakar Université Club) dans le championnat professionnel.
LES AVIS DU BANC
Un invité, enseignant de son état, invitera à opérer une jonction entre nos activités physiques quotidiennes et notre système éducatif. Il en prend pour exemple les jeux des jeunes sénégalais et ceux des jeunes européens. Ces derniers n'ont d'activités physiques que durant leurs séances d'éducation physique or, dans nos sociétés, nos enfants pratiques des jeux éminemment techniques et intelligents et à tout instant (Mbeggé, Khorr, Langa buri,etc.). Ces jeux concentrent des activités motrices et intelligentes qui, valorisées, peuvent grandement contribuer à la bonne formation des potaches.
Pr Ibrahima Sow dira lui sa satisfaction de voir un sélectionneur Sénégal pour l'équipe sénégalaise. Il s'est dit être souvent outré par la cooptation des blancs qui ne nous étaient pas d'une si grande utilité. Il évoquera également le problème du "khon" (maraboutage) à travers lequel les marabouts jouent de leur malice pour berner des dirigeants trop niais pour ne pas voir où se trouve l'essentiel. Pour lui, cet argent injecté dans cet aspect moribond aurait mieux servi à engraisser les joueurs et amélioré leur niveau de jeu.
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