Les plus optimistes prient et espèrent une hauteur et une retenue qui iraient calmer le jeu peu marrant annoncé pour le 7 avril. Et les plus pessimistes prévoient et craignent des affrontements qui montreront rouge et provoqueront les gaz lacrymogènes. Et pour cause.
Le mouvement activiste Y'en a marre a décidé de relever les stores du pavillon par le biais d'une manifestation populaire contre le régime du Pdt Sall. Un sit-in prévu samedi prochain avec l'objectif de rassembler 100.000 personnes. Fadel Barro, le coordonnateur, porte les griefs : « Macky Sall n’a tenu aucune promesse. Il a fait du « Wax Waxeet ». Il a plus de ministres que Me Abdoulaye Wade. La justice est instrumentalisée. On emprisonne certains, on protège d’autres. C’est la dynastie Faye Sall qui règne ». Mais, aussitôt l'initiative annoncée, le secrétaire d'Etat à la communication Yakham Codou Néné Mbaye a sonné la controffensive. Il a lui aussi déposé une demande à la préfecture pour l'autorisation d'une manifestation aux même moment et même endroit de Y'en a marre. Il entend ainsi aussi dénoncer ces jeunes qui souffriraient des mêmes pathologies sociales (ou sociétales) et pratiqueraient les mêmes entourloupes dont ils accusent le régime républicain et son régent, ou pire. Ce qui était parti pour être une "simple manifestation citoyenne", engendrera alors une série d'invectives, de déballages et des affrontements sur météo.
La machine Y'en a marre avait observé une certaine léthargie depuis 2012, en tout cas au niveau national. Ils s'étaient plus illustrés par le soutien à d'autres mouvements citoyens africains (Balai citoyen, Falimi) et l'animation de conférences internationales sur le sujet, et à glaner des prix dans le monde. Avec son comeback, le mouvement se fidélise à son rôle d'alerte et de veille, mais aussi de subversion. Mais leur accalmie est souvent considérée par certains observateurs et détracteurs comme un "silence corrosif". D'après ceux-là, la clique de jeunes activistes était tout ce temps assez engraissée par des lobbys ainsi que le régime, assez corrompue et repue pour oser aniler la gueule. Dans ce lot de pourfendeurs, figure en bonne place le promoteur du quotidien sénégalais Libération qui fonde son initiative sur ces faits. Selon Yakham Mbaye, qui a plus ou moins personnifié le débat, Y'en a marre a reçu un moment de l'argent des tenants du régime actuel, et est aujourd'hui financé par l'opposition et des lobbys étrangers qui veulent déstabiliser le pays. Ce qu'il juge comme une injustice qu'il n'entend pas laisser faire. Après l'appel du Président de suspendre les contre manifestations de ses affidés ,qu'il aurait qualifié de "n'importe quoi", contre la marche du mouvement citoyen, l'ancien journaliste qui a troqué sa plume pour un tama de la cour affirme n'être ni visé ni concerné par l'instruction de sa majesté et campe sur sa décision. Il clame en outre que seule une interdiction de l'autorité préfectorale pourrait le dissuader d'essaimer la Place de la Nation avec ses ouailles. Pendant ce temps, Y'en a marre s'active sérieusement dans les préparatifs de la "journée noire" qu'il promet à Macky. Tout en méprisant le sieur Mbaye que Fadel Barro qualifie de Maclédjo et que Thiat (Keurgui) croyait être une ... femme jusque peu. Ils sont d'autant plus requinqués qu'ils bénéficient du soutien de l'opposition (Rewmi et Pro Khalifa Sall particulièrement) et d'une bonne partie de la société civile. Avec tous les commentaires qui l'agrémentent...
En attendant la bravade, l'arbitrage du préfet de Dakar et la posture de la population sur la situation sont fortement guettés. Car en faisant attention aux opinions, l'on remarque bien que les populations partagent aussi bien les griefs que les répliques. Sans se décider définitivement ou clairement de la suite.
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