Le Blog de Moka

vendredi 19 février 2016

KHALIFA ET LE PARTI SOCIALISTE DANS TOUT CA !

Il apparaît comme une évidence que la décision (ou l'avis comme le préfèrent certains) rendue par le Conseil constitutionnel et le souhait exprimé par Macky Sall de la respecter ne seront pas sans conséquences dans la routine politique du Sénégal. La crédibilité et la notoriété du Président risquent d'en pâtir, et à d'autres s'offrira probablement l'occasion de grappiller quelques points de popularité.

Parmi eux, l'édile de la capitale sénégalaise. Khalifa Sall, dont le vœu de candidater à la prochaine présidentielle n'est pas déclaré mais reste un secret de Polichinelle, devient plus menaçant pour le régime avec la somme des récents événements.
La persécution récurrente qu'il subit et l'entrave à l'entreprise de sa politique municipale avaient déjà provoqué une nette sympathie des citoyens à son égard. Cet état de fait lui avait permis la quasi-razzia de toute Dakar aux Locales de 2014 sans trop suer. Ce revers n'a toutetois pas refroidi le pouvoir. Ensuite, sa finesse et sa ruse politiques, son abnégation et son dévouement à sa mission et sa courtoisie républicaine, reconnus de certains de ses rivaux, lui ont également accordé bonne place aux cœurs d'une considérante frange des populations. A ce qui précède vient s'ajouter son riche background politique qui en fait un véritable renard. M. Sall dispose en sus d'une forte machine de guerre, le Parti socialiste, sa formation politique où il bénéficie d'une certaine légitimité.
Khalifa est une sérieuse menace d'autant qu'il constitue une menace imprévisible. Comme souligné plus haut, il n'a jusque là pas déclaré sa candidature, en  en laissant le soin à ses affidés et caporaux. Lui arguait qu'il ne se "déclare pas à une élection dont la date n'est pas encore fixée" ! Le Parti socialiste également a, à dessein ou pas je ne saurai affirmer, toujours eu une position clair-obscure sur la question. Et leur schéma, voici comment je le pense.
Le Parti socialiste, formation organisée et méthodique, a bien ourbi un plan. Ils ont dû penser que, par leur connaissance de l'État, qu'on en sera à cette situation. Et ne voulant courir le risque de perdre les privilèges que leur offre leur proximité avec le Président et leur appartenance à la mouvance, moyens indispensables pour la reconquête, ils se sont rangés aux positions du pouvoir. En tout cas, la frange officielle. Sur les cas Khalifa Sall aussi, celle-là souffle le chaud et le froid. On l'a vu avec la guéguerre entre le maire de Dakar et le ministre du Renouveau urbain sur la Place Protêt. A côté, des ouailles du Secrétaire général à la vie politique du PS ne ratent aucune occasion de verser du sable dans le couscous gouvernemental, décriant toute politique ou initiative du pouvoir en place. Ils déclament urbi et orbi que leur "mentor" est l'homme de la situation. Homme qui garde toujours sa mesure, même quand il a fallu défier le baobab vieillissant Ousmane Tanor Dieng. Ce dernier déclarait dernièrement qu'il adhère à là décision du Président d'aller jusqu'en 2019. Ce qui permettrait au PS de mieux s'implanter, se sucrer et peaufiner ses stratégies, sans qu'il en ait l'air jusqu'à cette date. Khalifa, en ce moment, candidat du PS, sera assez aiguisé pour se présenter pour ce à quoi il se prédestine. Pour la rupture entre le PS et le pouvoir, elle sera provoquée par la partie fidèle à Khalifa, qui sera à un moment soutenu par les caciques du parti. Et va pour un clash qui deblaye la voie à leur candidat. Des supputations, mais qui suivent une certaine cohérence... politique. Ou politicienne si vous voulez.
Tout de même, concrètement, que dites-vous, M. Khalifa Sall, maintenant que la date de la présidentielle est connue ?

A NDEYE TAXAWAALOU, LA MAJESTUEUSE.

Ndeye Taxawalou
Journaliste, écrivaine et comédienne.


Aminata Sophie Dièye était plus connue sous les pseudonymes de Ndeye Taxawaalou, Miss Town ou encore Amina Zaaria. Elle s'était fait une belle notoriété avec sa plume suave et berceuse ; plume qui servit à produire la magnifique chronique hebdomadaire du samedi au quotidien L'Observateur "L'ESPACE DE NDEYE TAKHAWALOU. QUARANTE ANS, SENEGALAISE, TOUJOURS DANS LE PETRIN". Ligne de sa vie qui a presque masqué son prestigieux parcours.

La défunte a eu à pratiquer le journalisme culturel à Walfadjri , Sud Quotidien et au Cafard Libéré. Sur ce déjà riche CV pour qui connaît la posture et le professionnalisme de ces rédactions, s'ajoute une carrière de comédienne. Elle monte sur la scène du Centre culturel de Dakar en interprétant le rôle d'une vieille femme folle et analphabète dans la pièce théâtrale "Consulat zénéral". C'était en 2002. Au cinéma aussi, elle s'y est essayé. Et c'est pour jouer dans "La petite vendeuse de soleil" de Djibril Diop Mambety.
Elle est aussi auteur de "Destroy system" (nouvelle) et "Saison d'amour et de colère" (recueil de poèmes, 1998).
Pour la douce bise que tu as longtemps et magnifiquement fait parcourir sur notre axe "Yeux-Coeur", nous prions ton éternel repos au Paradis céleste Tata Ndeye, quarante ans, honorable sénégalaise, à jamais libérée du pétrin.


Source : Le Témoin du jeudi 18 février 2016.

jeudi 18 février 2016

LE DROIT DIT, LA MORALE LÉSÉE

Le verdict est tombé quant à l'avis demandé par le Président Macky SALL au Conseil constitutionnel. Et ladite juridiction décide d'élaguer le point concernant l'application immédiate du quinquennat sur le présent mandat du chef de l'État.


D'emblée faut-il dire que ce n'est pas le seul point auquel le Conseil a décidé de porter grief. Mais puisque c'est celui qui concerne le grand nombre ...
Comme affirmé dans un forum, je ne trouve pas du tout judicieux de récriminer les juges du Conseil, juges de Droit, qui n'ont fait que leur devoir en disant le Droit. Ils ont pour mission de connaître de la constitutionnalité des dispositions et, n'en déplaisent à certains, le quinquennat ne peut rétroagir aucunement sur le mandat en cours, et ce sur la base d'aucun argumentaire juridique de bonne foi.
Maintenant, concernant le caractère politique de la chose, il y a place à la spéculation. Aujourd'hui, pour ce que retient l'opinion et à juste titre, le Président a failli à sa parole. L'on déclame qu'il adhère et se conforme à la décision du Conseil Constitutionnel pour sauvegarder l'État de droit, la sacralité de la Constitution dont il est le garant. Sur le principe, on ne peut qu'être d'accord. Par contre, qu'on n'essaye pas de nous faire gober sa bonne foi. Le Président n'a eu que peu à s'en faire de la Morale, de l'éthique et de sa conscience vis-à-vis des sénégalais. Il a usé de pirouettes politiciennes et juridiques pour légitimer son forfait. Et ce qui sur ce point fait encore attiser plus mon courroux, c'est que le Président concourt à phagocyter les Esprits de nos pays. Ces Esprits qui n'ont plus aucun scrupule à opérer des contorsions sur leur matière au gré du chef de l'État. Et pourquoi pensez-vous donc au Pr Ismaïla Madior Fall ?!
Retenons enfin cette maxime grecque : "C'est mal payer son maître que de rester éternellement son disciple". Et aujourd'hui, M. Macky Sall paye très bien Me Abdoulaye Wade, quoiqu'on veuille nous faire croire le contraire. N'est-ce-pas Wade qui a accrédité le "Wax waxeet" et affirmé à qui veut l'entendre que les promesses électorales n'engagent que ceux qui y croient ?
Maintenant attendons de voir si la juridispence Wade (dans toute son étendue) rattrapera notre cher Macky. Surtout s'il déciderait de se présenter en 2024... Oups !


(Vidéo) LA DANSE PRÉSIDENTIELLE !

Notre cher Président devrait peut-être s'inspirer de son homologue américain pour apaiser la tension "wax-waxeetienne"


Promesse tenue, mais différée ! (Par Soro DIOP)

Éloignons-nous d’abord de la bataille politico-normative dans laquelle certains contempteurs tentent d’enfermer la décision du président de la République Macky Sall de se conformer aux recommandations, avis et décisions du Conseil constitutionnel sur l’ensemble des réformes à lui soumises !
Evidemment, on aura constaté que le point focal des passions politiques a été l’obligation que s’est faite le Président Macky Sall de se conformer à une recommandation du Conseil constitutionnel. Cette institution lui a signifié que l’application de la réduction à cinq ans de son mandat en cours n’est pas conforme à l’esprit de la Constitution validée par référendum en 2001, encore moins à la pratique, à l’histoire de notre pays et celles d’autres grandes démocraties.  
Les hiérarques des comparaisons sans raison, les adeptes de la parole inflammatoire ont revisité les mauvais archives d’un passé pourtant récent pour établir une similitude entre le Président Macky Sall et son prédécesseur Abdoulaye Wade. Ils oublient ou feignent d’oublier que l’expression «Wakh wakhett» était sortie de la bouche même de Me Wade. Elle ne découle pas d’une attribution par procuration. Elle a été signée par son auteur lui-même. Pour sa part, il faut rendre justice à l’histoire et même au présent en reconnaissant que le Président Macky Sall n’a jamais varié dans sa détermination, jusqu’à l’obsession et/ou l’entêtement, de respecter sa volonté de réduire son mandat à 5 ans et de se l’appliquer.  
Ceux qui s’érigent en parangons de la vertu et de la morale ne peuvent point oblitérer une réalité aussi visible qu’un éléphant derrière un buisson : le Président Macky Sall n’a jamais de sa bouche et par ses actes varié dans sa volonté de réduire son mandat. Il est allé jusqu’au bout avant de voir se dresser devant lui la muraille infranchissable de la loi constitutionnelle rappelée par l’institution qui la protège, qui veille à son respect. La promesse, sous ce rapport, a été tenue, et même le Conseil constitutionnel n’a fait que la différer jusqu’au deuxième mandat. Promesse tenue donc, mais différée !  
Cependant, puisque le Sénégal n’est pas une monarchie où règne un roi prétendant revêtir les attributs divins, mais une démocratie normée et normale, il existe des remparts infranchissables qui limitent la volonté individuelle de tout détenteur de pouvoir, fût-il le président de la République. Et là, que l’on nous permette de dévaliser Sieyès Emmanuel Joseph qui, dans «Qu’est-ce que le Tiers-Etat» écrivait : «si nous voulons nous former une juste idée de la suite des lois positives qui ne peuvent émaner que la volonté de la Nation, nous voyons en première ligne des lois constitutionnelles. Ces lois sont dites «fondamentales» non pas en ce qu’elles pourraient être indépendantes de la souveraineté nationale mais parce que les corps qui existent et agissent par elles ne peuvent point y toucher».  
Ceux qui entretiennent un bousin ambiant autour de la décision du Président Macky Sall de se conformer à l’avis du Conseil constitutionnel seraient les premiers à trompeter, à battre les tambours politico-médiatiques et autre cuivres rageurs pour s’indigner à qui mieux mieux de l’opprobre jetée sur les 5 sages. Le champ sémantique serait alors peuplé d’expressions du genre : «Macky Sall désavoue le Conseil constitutionnel» ; «le Président déchire l’avis des 5 sages» ; «il humilie l’institution». Or, passer outre l’avis du Conseil constitutionnel, de la part du garant même de la Constitution, à laquelle lui-même est soumis, le président de la République aurait alors donné le plus mauvais signal de destruction, d’atomisation et de fragilisation d’une institution faisant partie des piliers de notre démocratie.  
Mieux, s’il avait bravé l’avis des 5 sages, certains qui s’abiment maintenant à vitupérer sa décision, éminemment républicaine, lui auraient encore reproché de n’avoir pas été fidèle à son passé. Mais, sur ce terrain-là, le Président Macky Sall aura été d’une fidélité remarquable à son passé récent et d’une cohérence à toute épreuve. En février 2012, alors que se faisait rageuse et farouche la bataille contre la candidature du Président Wade à un 3e mandat, lorsque le Conseil constitutionnel avait pris la décision de valider cette candidature, le candidat Macky Sall avait décidé de lever les barricades à la Place de l’Indépendance pour mener sa campagne. Pas la plus petite objection de sa part face à l’avis des 5 sages ! C’était pourtant comme hier, un hier que veulent oublier et faire oublier les hirondelles du criticisme. C’est ainsi qu’un homme d’Etat se comporte vis-à-vis des institutions judiciaires. Il en fut et il est ainsi en France, aux Etats-Unis et de toutes les grandes démocraties respectueuses de leur justice.  
La vénération du totem vermoulu d’une promesse électorale vaut-elle la mise en danger d’une institution de la République ? Il est préférable d’avoir un gardien de la Constitution, soucieux de la vitalité, de la solidité et de la stabilité des institutions qu’un hypocrite populiste, adepte de la tromperie politique arrimés uniquement à ses intérêts personnels, qui s’agite et agit seulement pour sa seule vista. Encore faut-il quitter les monologues présentés comme des débats politiques où chacun s’arroge le droit de parler du peuple et au nom du peuple, sans le peuple. Il est affligeant de réduire la politique à une guerre. Dès lors que l’on est dans cette vocation, on fusille à tout bout de champ, et parfois sans s’assurer même avoir des balles dans sa cartouchière.  
Il faut, dans une démocratie comme la nôtre qui a besoin d’évoluer, de se fortifier et de se vivifier, éviter ce que Jacques Julliard disait dans un éditorial de Marianne (31 octobre -6 novembre 2014), «la professionnalisation de la classe politique, c’est-à-dire sa tendance à se constituer en une caste hermétique qui monopolise tous les pouvoirs et tout accès à ceux-là». Dans une démocratie, il y a une part, pour ne pas dire une bonne part de la Justice et d’autres institutions à respecter et à sauvegarder contre les velléités tentaculaires des pouvoirs politiques. C’est ainsi qu’une démocratie échappe à ce qu’il appelle «l’entre-soi politique».  
Personne ne goûterait aux délices de la liberté et de la démocratie sous le soleil d’une crise de confiance entre le président de la République et l’institution judiciaire. Surtout devant le Conseil constitutionnel où le Président Macky Sall a prêté serment. Un serment, ça se respecte, comme d’un décret divin. 

Soro DIOP (Contribution)
De dakaractu.com
Jeudi 18 février 2016