Le Blog de Moka

dimanche 20 mars 2016

L'ENTREPRISE DE PRESSE PASSE AU BILLARD

Et les toubibs de circonstance étaient Cheikh Thiam, DG de "Le Soleil", et Mamadou Ibra Kane, PDG du groupe Africome éditeur des quotidiens sportifs "Stades" et "Sunu Lamb". Ils sont venus opérer le grand corps malade qu'est le secteur de la presse, avec particulièrement la presse écrite, tout en dégageant cependant des perspectives. 


Pour une piqûre de rappel, M. Thiam se rappelle 1996, "période de vaches grasses", où le marché n'était occupé que par les quotidens Le Soleil, WalfAdjri et Sud Quotidien. Et le lectorat était bien présent. Mais la donne a fortement basculé avec le "rush" remarqué aujourd'hui (15 quotidiens). D'autant que le ratio de lecteurs stagne. Il caractérise l'environnement social comme un autre gap. Selon lui, le ticket d'entrée du lecteur, son instruction et sa monnaie, fait défaut. Et à côté, il y a les réseaux sociaux, la presse en ligne et les télévisions qui constituent de sérieux concurrents ; concurrence qui s'étire jusque dans le terrain de la publicité. Mamadou Ibra Kane commence lui par renseigner sur le caractère de stabilisateur social de la presse sénégalaise, sa mesure et son statut de premier tirage de la région subsaharienne. Mais, dit-il pour le déplorer, cette presse ne paie pas ses employés. Selon lui, beaucoup d'entreprises de presse sont en irrégularité et une traine avec des années d'arriérés de salaire. Sur "sa" liste de problèmes, il rajoute le non-respect des cotisations à l'IPRES, à la Caisse de sécurité sociale, de l'IPM et le manque de viabilité économique. 
Comme solution, il appelle les entreprises de presse a avoir un modèle économique. M. Cheikh Thiam, par ailleurs économiste, propose une adaptation au contexte et une innovation. Selon lui, l'État doit 3 milliards au Soleil avec les annonces et publicités des services publics. Pourtant, le quotidien vit bien avec ses ventes et le modèle qu'il s'est créé. Il parlera de sa collaboration avec Financial Times. Il appelle également à la transparence des entreprises de presse en se donnant comme exemple. Le Soleil dépose chaque année depuis sa venue à la direction ses états financiers à l'ANSD. Ce beau tableau peint par le SG de la CDEPS viendra être terni par le président de la structure suscitée, M. Kane. Sans manquer en filligrane de fustiger le fonds d'aide à la presse et d'appeler à sa suppression, il voit le succès du Soleil comme une faveur. Tout en le reconnaissant grand exemple, il fusille le quotidien national en le traitant de chouchou de l'État qui lui fait la part belle alors qu'il est SA au même titre que Africom. Cette dernière, soutient il, a le mérite de vivre de ses ventes, mais Le Soleil tient avec les pubs des services publics. Propos qui auront l'heur de courroucer M. Thiam qui réplique pour défendre sa boîte d'une éventuelle accusation de zélateur.
Ces mots provoqueront une petite passe d'armes entre les deux chefs d'entreprise, comme pour rappeler que c'est pas demain la veille que se réveillera le secteur.

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