La
girouette de la raison pourrait renvoyer à « une nuit de brouillard »
(traduction du titre). Il s’agit bien de l’obscurité. Mais celle-ci caractérise
la longue dissimulation de la vérité, l’infamie de la société sénégalaise et la
nuit dans laquelle l’incident a été réglé à l’amiable pour épargner Mbooyo de
la vindicte.
« Guddig Mbooyo »
est un roman policier de Lamine
MBAYE écrit en wolof qui raconte l’histoire d’un vol de bijoux. Larcin
commis par Mbooyo et qui sera élucidé par Tijaan, policier et longtemps présumé
auteur du l'infraction.
Tout en wolof
Le livre, adapté au
cinéma, serait monté en sépia pour la nostalgie des bonnes attitudes et
habitudes perdues. Les scènes projetteraient le quotidien du sénégalais commun.
Le scénario lui parlerait dans sa langue, du moins la plus parlée, le Wolof. Pur
et recherché. Et exclusivement, ou presque. « Le livre est bien
exclusivement écrit en wolof. Il est vrai qu’on trouve quelques termes qui
sonnent français comme « gowernor », « kolonel», « komiseer », etc. Mais ce sont des termes universels et
conventionnels, modifiés et admis par le wolof », justifie Lamine Mbaye. La linguiste Fatou DIAO l’appuie en parlant
« d’emprunts acceptés par les académiciens wolof ». Outre l’aspect
linguistique qui constitue la principale caractéristique de l’ouvrage, ce
dernier revêt en effet un aspect anthropo-sociologique.
Une radiographie de la société
« Guddig Mbooyo » opère en effet dans cet ouvrage une capture de la société sénégalaise, en ce sens qu’il analyse avec une subtile
précision les charmes et tares de l’homo senegalensis. De la solidarité et la
cohésion qui prévalent entre parents et voisins, à l’hypocrisie et à la corruption
dans ses plus infimes formes. De la lascivité à l’ignominie de la femme. Tout y passe. En somme, les constats d’un
ancien policier qui a appris à connaître la société au gré de ses services et
affectations dans cet ouvrage, descendant de « Ijjib wolof » (premier
syllabaire wolof édité par l’ancien Président du Conseil en 1958 et conçu par
Amadou Makhtar MBOW, Cheikh Alioune FALL, Me Abdoulaye WADE, entre autres). Pour l’ancienne
force de l’ordre : « On doit comprendre à travers ce livre que le
policier ne sert pas qu’à matraquer. Il doit avant tout éduquer, redresser et
faire bénéficier son expérience aux jeunes générations. Le policier qui use de
sa baïonnette a échoué! ».
Lamine MBAYE, lauréat
du 1er prix de poésie en 1994 et en 2001, est un ancien brigadier de
police municipale de 64ans. Il est intervenu aux premiers moments du conflit et
est radié de la fonction publique. Il est ensuite recruté en 1989 par le Haut-commissariat
des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Un riche parcours pour cet
animateur radio d’une émission consacrée au Wolof, et qui fait de la promotion
de cette langue sa passion. L'auteur nous a présentés son œuvre lors du "Ndajé ak bindkat" (NDLR: Rencontre avec un auteur), rendez-vous périodique initié par Geleem Saar, un toubab qui s'active dans la vulgarisation des langues nationales sénégalaises.
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