Le Blog de Moka

dimanche 4 décembre 2016

GUDDIG MBOOYO : L'ENFER, C'EST NOUS AUSSI.

La girouette de la raison pourrait renvoyer à « une nuit de brouillard » (traduction du titre). Il s’agit bien de l’obscurité. Mais celle-ci caractérise la longue dissimulation de la vérité, l’infamie de la société sénégalaise et la nuit dans laquelle l’incident a été réglé à l’amiable pour épargner Mbooyo de la vindicte.


« Guddig Mbooyo » est un roman policier de Lamine MBAYE écrit en wolof qui raconte l’histoire d’un vol de bijoux. Larcin commis par Mbooyo et qui sera élucidé par Tijaan, policier et longtemps présumé auteur du l'infraction.


Tout en wolof
 Le livre, adapté au cinéma, serait monté en sépia pour la nostalgie des bonnes attitudes et habitudes perdues. Les scènes projetteraient le quotidien du sénégalais commun. Le scénario lui parlerait dans sa langue, du moins la plus parlée, le Wolof. Pur et recherché. Et exclusivement, ou presque. « Le livre est bien exclusivement écrit en wolof. Il est vrai qu’on trouve quelques termes qui sonnent français comme «  gowernor », « kolonel», « komiseer », etc. Mais ce sont des termes universels et conventionnels, modifiés et admis par le wolof », justifie Lamine Mbaye.  La linguiste Fatou DIAO l’appuie en parlant « d’emprunts acceptés par les académiciens wolof ». Outre l’aspect linguistique qui constitue la principale caractéristique de l’ouvrage, ce dernier revêt en effet un aspect anthropo-sociologique.
Une radiographie de la société
 « Guddig Mbooyo » opère en effet dans cet ouvrage une capture de la société sénégalaise, en ce sens qu’il analyse avec une subtile précision les charmes et tares de l’homo senegalensis. De la solidarité et la cohésion qui prévalent entre parents et voisins, à l’hypocrisie et à la corruption dans ses plus infimes formes. De la lascivité à l’ignominie de la femme.  Tout y passe. En somme, les constats d’un ancien policier qui a appris à connaître la société au gré de ses services et affectations dans cet ouvrage, descendant de « Ijjib wolof » (premier syllabaire wolof édité par l’ancien Président du Conseil en 1958 et conçu par Amadou Makhtar MBOW, Cheikh Alioune FALL, Me Abdoulaye WADE, entre autres). Pour l’ancienne force de l’ordre : « On doit comprendre à travers ce livre que le policier ne sert pas qu’à matraquer. Il doit avant tout éduquer, redresser et faire bénéficier son expérience aux jeunes générations. Le policier qui use de sa baïonnette a échoué! ».

Lamine MBAYE, lauréat du 1er prix de poésie en 1994 et en 2001, est un ancien brigadier de police municipale de 64ans. Il est intervenu aux premiers moments du conflit et est radié de la fonction publique. Il est ensuite recruté en 1989 par le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Un riche parcours pour cet animateur radio d’une émission consacrée au Wolof, et qui fait de la promotion de cette langue sa passion. L'auteur nous a présentés son œuvre lors du "Ndajé ak bindkat" (NDLR: Rencontre avec un auteur), rendez-vous périodique initié par Geleem Saar, un toubab qui s'active dans la vulgarisation des langues nationales sénégalaises.

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